Les derniers ajouts au Teaching Corner de la SEDI comprennent un programme d’études du membre de la SEDI Prof. Mando Rachovitsa (Université de Groningue) sur le thème de la ‘Dissidence dans le leadership’. Elle a accepté de nous en dire plus sur son cours innovant.


SEDI: Le titre de votre module a attiré notre attention, et probablement celle des étudiants. Pouvez-vous nous en dire un peu plus? 

Mando Rachovitsa (MR): La dissidence dans le leadership: “Qu’est-ce que Bert Röling ferait?” est une masterclass interdisciplinaire proposée à l’Université de Groningue (le programme est disponible sur le Teaching Corner de la SEDI). L’objectif principal de cette masterclass est de tester nos idées sur le leadership en relation avec la dissidence et la pensée innovante. La conception du cours a un cadre concret: s’inspirer du juge et professeur Bert Röling dont l’œuvre et la vie témoignent d’un esprit distinctif de dissidence (ou de pragmatisme de principe, selon Klabbers), de pensée (juridique) innovante, de compréhension interculturelle du droit et de recherche interdisciplinaire. Ensuite, les sessions s’étendent à d’autres études de cas réels couvrant le monde universitaire, la recherche et les secteurs public et privé.


SEDI: Cela semble intéressant! Y a-t-il des caractéristiques en termes d’enseignement et d’évaluation qui semblent bien fonctionner et qui pourraient être transposables dans (ou vers?) d’autres contextes?

(MR). Oui, en effet, je pense qu’il y a au moins trois aspects:

  1. Mettre en évidence les individus qui créent, soutiennent ou s’opposent aux idées, concepts et théories

En mettant l’accent sur les personnes, nous découvrons de nouveaux aspects des rouages du droit international, d’autres disciplines et des choix de la vie réelle. Cette orientation rend l’enseignement plus attrayant, favorise la prise de conscience de soi et la pensée critique et met en évidence une certaine mesure de responsabilité personnelle. Il est intéressant de noter que les discussions en classe ont également permis d’encourager et accueillir l’expression des expériences vécues des étudiants.

Dans le cadre d’un cours ordinaire du programme d’études, qui n’offre peut-être pas beaucoup d’espace pour l’expérimentation, on peut consacrer une petite partie du cours aux “personnes derrière les concepts”.

  1. Poursuivre un format dialectique: faire de la place aux étudiants et donner l’exemple

L’objectif de la masterclass est de ne pas avoir de conférences à sens unique. Cela signifie tout d’abord que les étudiants ont la possibilité d’orienter les conversations et de décider des questions/études de cas sur lesquelles se concentrer. Ensuite, les conférenciers invités savent à l’avance que nous entamerons une conversation informelle entre nous (questions et réponses), ce qui incite les étudiants à ‘se lancer’ et à s’engager. En janvier 2021, les professeurs John Dugard, Jan Klabbers et Ramses Wessel nous ont rejoint et ils ont semblé apprécier le format et le fait d’être mis au défi par les étudiants!

  1. Évaluer avec des essais vidéo de groupe

Les étudiants sont évalués sur la base d’un travail collaboratif (groupes de 3), basé sur un projet. Ils choisissent une étude de cas réelle dans le cadre du thème de la masterclass et la présentent dans un essai vidéo de cinq minutes. Le résultat et la discussion qui s’en est suivie en classe étaient d’une qualité et d’une créativité exceptionnelles, mettant en avant la décolonisation, les droits de l’homme, les peuples indigènes, l’utilisation abusive de la science, le droit à la science et les limites, le cas échéant, de la protestation pacifique. Parmi les études de cas des étudiants figuraient le mouvement zapatiste, Yoani Sanchez (blogueuse militante à Cuba), Coco Chanel, Gamal Abdel Nasser, Vladimir Bukovski (psychiatre et militant dénonçant les abus politiques de la psychiatrie dans l’ancienne Union soviétique) et Alexandra Elbakyan (créatrice de Sci-Hub).


SEDI: Y a-t-il quelque chose que vous feriez différemment?

(MR) : Pendant la masterclass, je me suis rendu compte que les études de cas, que j’avais inclus dans le programme ou que j’avais mentionné en classe, n’étaient pas globalement représentatives de la race, du sexe, des régions géographiques, du Sud au Nord. J’ai partagé mes réflexions avec les étudiants. Ils ont apprécié que j’en discute ouvertement et cela les a également incités à réfléchir à la manière dont ils choisissent leur propre matériel. La représentativité des études de cas est donc un travail en cours.

 

SEDI: Merci beaucoup pour votre volonté de partager!

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